Merci, Monsieur Gaetan Peyrebesse, journaliste à Nice Matin, pour ces deux pages le 19/03/2015, sur la condition animalière !
Avec Internet et les élevages clandestins d’ici, mais aussi des pays de l’Est, le flot d’animaux domestiques est devenu incontrôlable. Les défenseurs de la cause animale lancent l’alerte.
Un bien de consommation. Avec Internet, l’animal domestique a consolidé son triste statut de marchandise comme les autres dans une société de consommation jetable.
Les associations de protection des animaux ne cessent de dénoncer cette dérive qui, au final, fait exploser le nombre d’animaux domestiques.
Aujourd’hui, elles tirent la sonnette d’alarme et appellent au secours, tellement elles sont débordées par le phénomène.
Depuis 40 ans que Yolande Olivain, membre du collectif Animalier 06, arpente les quartiers pour s’occuper des chats errants et plus particulièrement de ceux des Moulins.
Elle constate au quotidien que quelque chose ne va plus entre l’homme et les animaux domestiques.
On le jette quand il ne plaît plus
Et ce qu’elle voit fait frémir. «Avec Internet, il n’y a plus aucune responsabilisation. Une femme a ainsi donné 70 chatons en un an. Alors qu’on ne sait plus quoi en faire et qu’ils pullulent dans les rues», déplore la bénévole.
Cette année, sur les sites de ventes entre particuliers, après Noël, l’échange (gratuit, parfois pour un euro ou payant) d’animaux a atteint des sommets. «Le nombre de petites annonces a explosé. Souvent pour donner un animal, un hamster, un lapin, un cochon d’Inde, qu’on ne veut plus», souffle Yolande.
Pour elle, le «soi-disant propriétaire» utilise l’animal comme un produit, «on le jette quand il ne plaît plus ou dérange». Ainsi, «au bout de huit mois, les chatons commencent à miauler, ont des manifestations sexuelles. Ils cessent de plaire. Alors, on les donne à qui les veut ou on les abandonne».
Bientôt, la bénévole prévient: «en avril-mai, au moment des naissances, on va voir une quantité industrielle de chatons. Ils vont être donnés au premier venu, sans vaccin, sans qu’ils soient sevrés».
En pâture aux serpents
Et parfois, les petits matous trop mignons tombent dans des mains douteuses. «Ils peuvent finir en pâture à des serpents, ou utiliser pour exciter des Rottweiller de combat», assure Yolande. L’enfer est bien pavé de bonnes intentions.
Mais l’argent rentre aussi en compte. «Sur Cannes, on a découvert un trafic de chats anglais à 1.300 euros. Après un contact via Internet, ils étaient échangés à la sortie de l’autoroute. Les vendeurs étaient, après, bizarrement injoignables», raconte Françoise Leblanc de la Société de défense des animaux de Nice.
20.000 chats errants
Face à ce tsunami de trafics d’animaux par Internet, les militants tentent de contacter les propriétaires pour les sensibiliser. En réponse, «on nous insulte, en nous rétorquant que c’est leur animal, qu’ils en font ce qu’ils veulent. Ils opposent comme toujours le droit à la propriété. La violence verbale est sans retenue».
Et puis, il y a aussi les abandons. «Neuf chats sur dix ne finissent pas dans un refuge, mais dans la rue», note Yolande. Et ce n’est pas sans conséquence. Ils sont parfois recueillis par des âmes charitables, «des personnes âgées qui s’endettent pour nourrir jusqu’à des dizaines de chats…»
À Nice, il y aurait ainsi plus de 20.000 chats errants, estime le Collectif Animalier 06.