Les pangolins, petits mammifères méconnus, sont massacrés massivement pour leurs écailles (vidéo)

Les pangolins, petits mammifères méconnus, sont massacrés massivement pour leurs écailles (vidéo)

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Il n'y a pas que les éléphants et les rhinocéros qui se trouvent fortement menacés par le trafic pour leur corne et leurs défense, d'autres espèces moins médiatiques sont elles aussi victimes des trafiquants. Parmi celles-ci figurent les pangolins traqués sans relâche pour que leurs écailles (aux vertus supposées) alimentent elles aussi les marchés asiatiques où elles sont particulièrement recherchées pour pseudo vertus thérapeutiques.


Les pangolins, une famille de mammifères peu familière

De prime abord les pangolins (de la famille des Manidae qui leur est propre), du malais pengguling qui signifie « enrouleur » en référence à la réaction défensive qu'il ont de s'enrouler fermement sur eux même lorsqu'ils se sentent menacés, ont une apparence tout a fait singulière pour des mammifères (car en effet ils font bien partie du même ordre que notre espèce). En effet leur corps est quasiment entièrement recouvert (hormis la partie ventrale) de sorte d'écailles qui sont en réalité des poils agglomérés qui se sont unifiées et ont durci au fil de l'évolution d'une façon similaire à ce que l'on retrouve chez les tatous (avec lesquels ils présentent un ancêtre commun). Cette armure lui permet même de résister à des attaques de lions.

Il existe en tout et pour tout huit espèces de pangolins, uniquement localisées dans les zones tropicales et subtropicales d'Afrique et d'Asie, où ils occupent justement la même niche écologique que les tatous puisqu'ils se nourrissent également surtout de termites et de fourmis (jusqu'à 70 millions par an !), qu'ils attrapent grâce à leur langue aussi longue que leur corps et recouverte d'une substance collante. Les pangolins sont globalement des animaux nocturnes tantôt terrestres, tantôt arboricoles suivant les espèces. Ils ne sont pas particulièrement ni vifs ni agiles car leur bouclier d'écailles et leur habilité à faire de leur corps une sphère « impénétrable », les exposent relativement à la prédation. Du moins parle t-on de celle des autres animaux, car les pangolins sont en revanche des proies très facile pour les hommes. Ils sont ainsi consommés depuis fort longtemps en Afrique comme en Asie où ils représentent un met recherché, mais c'est l'ampleur du trafic pour leurs écailles émanant des marchés asiatiques qui inquiète aujourd'hui les différentes instances internationales de protection de la biodiversité et des espèces.

Les populations de pangolin sont décimées par le braconnage et le commerce illégal

Les deux espèces les plus menacées, en grande partie par le trafic illégal, sont le pangolin de Malaisie (Manis javanica) et le pangolin à queue courte (Manis pentadactyla) tous deux classés en danger critique d'extinction par l'UICN, c'est à dire la catégorie la plus élevée en terme d'alerte concernant les menaces d'extinction pesant sur une espèce sauvage. Plus largement l'entièreté des espèces de pangolins est classée au minimum dans la catégorie dite « vunérable » de l'IUCN, preuve du déclin global de cette famille.

Parallèlement le commerce de ces espèces est donc strictement réglementé par la CITES (en application de la Convention de Washington) qui a placé l'ensemble des espèces sur son annexe II depuis 1975, ce qui réglemente strictement leur commerce. L'organisation s'est d'ailleurs ouvertement enquise du sort futur de l'espère durant une réunion spécifiquement axée autour du sort des pangolins, organisée en juin 20015 au Viernam. Malgré ces restrictions on estime que plus de 100 000 pangolins ont été victimes du trafic illégal depuis 2011 selon le World Pangolin Day[1], et le chiffre pourrait être bien plus important.



Un trafic à grande échelle très lucratif mais des mesures et des sanctions de plus en plus sévères prises

Le trafic et le braconnage des pangolins sont bien moins risqués que ceux des éléphants et autres pachydermes (qui sont souvent placés sous la protection des gardes) et se révèle pour autant être devenu extrêmement lucratif. En effet un kilo de pangolin peut être vendu 200 à 300 dollars sur les marchés asiatiques et encore bien plus s'il n'est question que de ses écailles (qui sont arrachées des animaux pour être vendu séparément), on parle alors de plus de 3 000 dollars le kilo. La raréfaction des espèces vivant en Asie a engendré l'effet pervers presque attendu, c'est à dire que le trafic et la traque des pangolins s'est décalée vers l'Afrique pour alimenter les marchés de l'extrême Orient.

Au cours des derniers mois, les saisies records de commerce illégal se sont multipliées. Ainsi une saisie « record » eut lieu le 23 avril 2015 en Indonésie où 5 tonnes de pangolins morts furent interceptées puis brûlées dans la ville de Medan au Sud de Sumatra. Cela représente pour donner un ordre de grandeur plus d'un millier d'individus, selon National Geographic. La valeur de ce funeste butin est estimée à près de deux millions de dollars. L'appétence que peut engendrer de telle somme n'est donc pas favorable à la diminution du braconnage, bien que les autorités nationales et notamment indonésiennes prennent des mesures et des sanctions de plus en plus lourdes envers les trafiquants.

Une nouvelle réunion de la Cites s'est déroulée le 20 janvier dernier juste avant la journée mondiale du pangolin (placée tous les troisième vendredi de février). Il y fut notamment question de l'état d'amélioration ou non de la protection des espèces et du placement de celles-ci sous l'annexe I de la Cites, ce qui en interdirait intégralement le trafic et les prélèvement dans la nature. Étant considérée la situation des espèces notamment asiatiques , pareille mesure semble la semble issue. Elle sera débattue la de la COP17 de la Cites organisée en septembre prochain.

Pour sensibiliser le monde au massacre des pangolins, une journée symbolique leur est dédiée, la journée mondiale des pangolins, le 3e samedi de chaque février.

Notes
Ce site est dédié à la protection des espèces de pangolins et regroupe depuis cette même années 2011, des acteurs et des actions qui œuvrent en ce sens sous l'égide de l'IUCN.
Auteur
Benjamin Esmelin / notre-planete.info

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